Au fond des ténèbres | |
Auteur: | Sereny, Gitta |
Éditeur: | Denoël |
Pages: | 409 |
Quatrième de couverture: | Un homme illustre bien mieux qu'Adolf Eichmann la thèse de Hannah Arendt sur la banalité du mal : Franz Stangl, commandant du camp de Treblinka, où furent gazés près de neuf cent mille Juifs. C'est sans grands états d'âme que ce policier autrichien à l'échine souple est devenu, au bout du compte, celui qu'Himmler appelait " notre meilleur Kommandant ". A la fin de la guerre, Stangl échappe à la justice et, grâce à la filière vaticane, trouve refuge au Brésil avec sa famille. Débusqué par Simon Wiesenthal, extradé vers l'Allemagne, il y sera jugé en 1970 et condamné à la prison à vie. Alors qu'il attendait son verdict en appel, il accorda une série d'entretiens à la journaliste Gitta Sereny. Le résultat est ce livre unique. Trente-trois ans après sa parution, Au fond des ténèbres reste un document hors du commun : sans jamais céder à la facilité ou au sensationnalisme, Gitta Sereny nous fait pénétrer dans l'esprit d'un des plus grands meurtriers de masse de l'histoire de l'humanité. |
Aurais-je été résistant ou bourreau ? | |
Auteur: | Bayard, Pierre |
Éditeur: | Les Editions de Minuit |
Pages: | 158 |
Quatrième de couverture: | Pour quelqu'un de ma génération, né après la Seconde Guerre mondiale et désireux de savoir comment il se serait comporté en de telles circonstances, il n'existe pas d'autre solution que de voyager dans le temps et de vivre soi-même à cette époque. Je me propose donc ici, en reconstituant en détail l'existence qui aurait été la mienne si j'étais né trente ans plus tôt, d'examiner les choix auxquels j'aurais été confronté, les décisions que j'aurais dû prendre, les erreurs que j'aurais commises et le destin qui aurait été le mien. |
Auschwitz : La Solution finale | |
Auteur: | Collectif |
Éditeur: | Tallandier |
Pages: | 306 |
Quatrième de couverture: | Le 27 janvier 1945, les soldats de l'Armée rouge entrent dans l'immense complexe d'Auschwitz. Le 18 octobre 2002, les ministres européens de l'Education, réunis au Conseil de l'Europe, décident d'établir dans les établissements scolaires des 48 pays signataires de la Convention culturelle européenne, une journée à " la mémoire de l'Holocauste et de la prévention des crimes contre l'humanité ". La plupart des pays - dont la France - ont choisi la date anniversaire de la libération des camps d'Auschwitz. Le nom d'Auschwitz s'est imposé à la conscience universelle comme le symbole de la Shoah et comme celui du mal absolu. Parce que le devoir de mémoire est une coquille vide s'il ne s'accompagne pas du devoir de connaître, cet ouvrage, qui rassemble les articles publiés dans L'Histoire par les plus grands spécialistes - français et étrangers -, présente et analyse les différentes étapes du génocide des Juifs, en s'arrêtant sur les mécanismes de l'extermination, le rôle des bourreaux, celui des complices, celui des spectateurs, et enfin sur la construction de la mémoire du génocide. |
Auschwitz : La mémoire d'un lieu | |
Auteur: | Wieviorka, Annette |
Éditeur: | Hachette Littérature |
Pages: | 286 |
Quatrième de couverture: | Auschwitz, qui résume en un lieu et en un nom la criminalité du régime nazi, est aujourd'hui illisible : il est devenu un écran où individus et collectivités projettent leurs cauchemars ou leurs rêves. Visites de représentants de l'Eglise, d'hommes d'Etat, d'individus sur les traces d'un proche : il semble que tous ces pèlerinages, ces discours, ces commémorations ont blasé nos contemporains et brouillé la réalité du camp d'Auschwitz-Birkenau, déconnecté de son histoire pour devenir un concept, un symbole ou le tremplin d'une conscience européenne. Rendre Auschwitz à l'Histoire c'est le rendre à sa réalité, reconstituer ce qu'il fut, ce que fut son évolution, mais aussi, par là même, comprendre les enjeux des polémiques qui naissent autour de sa mémoire. C'est encore donner un sens au camp-musée qu'il est devenu en interrogeant et en restituant précisément l'histoire des vestiges autour desquels il a été conçu : la construction de l'énorme complexe de destruction de Birkenau où un million de Juifs furent assassinés, puis la découverte du camp par les soldats de l'almée Rouge. Ce livre d'Annette Wieviorka est le premier ouvrage français retraçant l'histoire des camps d'Auschwitz. |
Considérations sur Hitler | |
Auteur: | Haffner, Sebastian |
Éditeur: | Perrin |
Pages: | 214 |
Quatrième de couverture: | L'exceptionnelle qualité de ces Considérations tient à la personnalité hors norme et au parcours parfaitement atypique de son auteur, véritable artiste de l'histoire. Inclassable et provocateur, Sebastian Haffner ne craint pas l'outrance, mais l'ennui et le prêt-à-penser. Ses grands coups de brosse permettent de comprendre et penser l'action d'un homme qui a su séduire et entraîner dans le meurtre de masse une des sociétés les plus modernes de son temps. L'ouvrage se construit en sept essais incisifs, qui sont autant d'angles différents pour éclairer le phénomène Hitler : Vie. Réalisations. Succès. Erreurs. Fautes. Crimes. Trahison. L'écriture, concise et ramassée, ainsi que la brièveté du propos, sert ce parti pris pédagogique. Le résultat est un livre rare, alliant l'histoire populaire à la plus haute exigence intellectuelle. L'étude la plus originale, la plus abordable et la plus stimulante sur Hitler. |
Des hommes ordinaires : Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution finale en Pologne | |
Auteur: | Browning, Christopher |
Éditeur: | Tallandier |
Pages: | 365 |
Quatrième de couverture: | A l'aube du 13 juillet 1942, les hommes du 101e bataillon de réserve de la police allemande entrent dans le village polonais de Jozefow. Au soir, ils ont arrêté 1 800 Juifs : 300 hommes sont sélectionnés pour le travail, les autres, femmes, enfants et vieillards, sont abattus à bout portant. Les quelque 500 policiers de réserve du 101e bataillon n'avaient rien de nazis militants ou de racistes fanatiques. Ces " hommes ordinaires " ont eu, à plusieurs reprises, l'occasion de s'abstenir. Ils ont, dans leur immense majorité, préféré obéir, faisant en seize mois plus de 83 000 victimes, assassinées sur-le-champ ou déportées vers Treblinka. Analysant les témoignages de 210 anciens du bataillon, Christopher Browning retrace leur parcours, analyse leurs actions et leurs motivations, dans un des livres les plus forts jamais écrits sur la Shoah et sur l'ordinaire aptitude de l'homme à une extraordinaire inhumanité. |
Des voix sous la cendre : Manuscrits des Sonderkommandos d'Auschwitz-Birkenau | |
Auteur: | Collectif |
Éditeur: | Calmann-Lévy |
Pages: | 442 |
Quatrième de couverture: | Entre 1942 et novembre 1944, l'Allemagne nazie assassine dans les chambres à gaz d'Auschwitz -Birkenau plus d'un million de personnes, des Juifs européens dans leur immense majorité. Un Sonderkommando (unité spéciale), constitué de détenus juifs qui se relaient jour et nuit, est contraint d'extraire les cadavres des chambres à gaz, de les brûler dans les crématoires et de disperser les cendres. Quelques hommes ont transcrit ces ténèbres et ont enfoui leurs manuscrits dans le sol de Birkenau. Cinq de ces textes ont été retrouvés après la guerre. Aucun de leurs auteurs n'a survécu, les équipes étant liquidées et remplacées à intervalles réguliers. Ce sont trois de ces manuscrits, dans une nouvelle traduction du yiddish pour partie inédite en français, qui sont présentés ici. La terreur, qui est la règle à Birkenau, est la toile de fond de cette histoire. C'est d'elle dont parlent tous les manuscrits retrouvés. Du silence, de l'absence d'évasion, de ce monde à l'envers où le meurtre est devenu la norme et l'impératif moral d'un peuple saisi d'une angoisse obsidionale. S'y ajoutent les dépositions lors du procès de Cracovie en 1946, de trois rescapés des Sonderkommandos, témoignages qui confirment, entre autres, l'intensité du massacre des Juifs de Hongrie au printemps 1944, les documents d'histoire, les photos de déportations, les archives allemandes. Témoignages qui racontent la panique de la chambre à gaz, des victimes mortes asphyxiées, piétinées avant même que n'opère le gaz, dans des scènes à proprement parler inimaginables. Mais qui évoquent aussi la jouissance prise à humilier et à martyriser autrui, le sadisme sans limites, puisque tout était permis contre un peuple placé hors humanité. |
Dictionnaire de la Shoah | |
Auteur: | Collectif |
Éditeur: | Larousse |
Pages: | 637 |
Quatrième de couverture: | Trois millions de Juifs assassinés en Pologne, deux millions en URSS, six millions de victimes en tout et des communautés entières rayées de la carte. La Shoah n'en finit pas de hanter notre mémoire. Comment peut-on aujourd'hui tenter de l'appréhender et d'en écrire l'histoire ? C'est à cette tâche que se sont attelés les auteurs de ce dictionnaire, à la lumière notamment des recherches les plus récentes, disponibles ici pour la première fois en français, en mettant l'accent sur l'Est de l'Europe. Dressant un bilan précis, analysant les processus de décision, les méthodes, le parcours des principaux bourreaux, mais aussi rendant vie aux victimes, à travers l'évocation de l'effervescence de la vie juive avant-guerre, ils nous permettent de mieux cerner l'irréparable ampleur de la tragédie. |
Dora Bruder | |
Auteur: | Modiano, Patrick |
Éditeur: | Gallimard |
Pages: | 144 |
Quatrième de couverture: | Dans un vieux Paris-Soir daté du 31 décembre 1941, l'œil de Patrick Modiano est attiré par l'annonce suivante: "On recherche une jeune fille, Dora Bruder, 15 ans, 1 m 55, visage ovale, yeux gris-marrons, manteau sport gris, pull-over bordeaux, chaussures sport marron. Adresser toutes indications à M. et Mme Bruder, 41, boulevard Ornano, Paris ". Cet entrefilet amène l'auteur à enquêter sur cette fille et ses parents envoyés à Auschwitz en 1942. Il essaie de redonner vie à leur existence qu'il traque sur des papiers administratifs, sur des photos. Le texte se présente comme un chassé-croisé dans Paris entre présent et passé, des souvenirs de l'auteur s'entremêlant à ce qu'il découvre de la jeune fugueuse, de sa famille et des personnes qui l'ont côtoyée. Mais aucun document officiel ne peut restituer les occupations de Dora pendant ses fugues qui ainsi demeurent le secret de ce destin tragique décrit tout en subtilité par Patrick Modiano. Ce livre à la fois terrible et miraculeusement plein de légèreté confronte deux destins réunis par la même tragédie : en septembre 1942, le père de l’auteur et la jeune Dora partaient dans le même convoi vers le camp de concentration d’Auschwitz. |
Déportation et Génocide | |
Auteur: | Wieviorka, Annette |
Éditeur: | Hachette Littérature |
Pages: | 506 |
Quatrième de couverture: | Durant l'occupation et surtout à partir de 1942, environ 140 000 personnes furent déportées de France vers les camps nazis, dont 75 000 juifs. Seuls 2500 d'entre eux figurent au nombre des 40 000 survivants. Ces terribles statistiques montrent à quel point la déportation et le génocide sont à la fois liés et distincts. Pourtant, recouverts par le nom emblématique d'Auschwitz, camps de concentration et centres d'extermination ont été souvent confondus par la mémoire collective, sans que soit nettement reconnue la spécificité du sort des juifs. C'est à reconstituer ce travail de la mémoire, tissé d'oublis, de stéréotypes et d'amalgames que s'attache, dans une démarche pionnière, Annette Wieviorka, utilisant des archives largement inexplorées, ainsi que la masse de témoignages livrés à leur retour par les rescapés. |
Déportée en Sibérie | |
Auteur: | Buber-Neumann, Margarete |
Éditeur: | Seuil |
Pages: | 343 |
Quatrième de couverture: | Déportée en Sibérie. En 1926, à vingt-cinq ans, Margarete BuberNeumann, qui était née à Potsdam, entre au parti communiste allemand. Après un premier mariage, elle devient la compagne de Heinz Neumann, l'un des leaders du Parti, auquel il avait adhéré dès l'âge de dix-sept ans. Heinz était député au Reichstag et membre du bureau politique et, comme tel, il jouera un rôle très important dans la vie politique allemande au cours des années décisives qui précédèrent l'arrivée au pouvoir de Hitler. Ayant fui le nazisme en Suisse - qui refusera l'extradition réclamée par Hitler -, le couple se retrouvera à Moscou. Mais, en 1937, Heinz est arrêté et disparaît. Plus tard, Margarete, jugée à son tour "déviationniste", est arrêtée et condamnée à cinq ans de travail forcé dans un "camp d'amélioration", à Karaganda, dans les steppes du Kazakhstan sibérien. Un "geste d'amitié" de Staline à Hitler, en 1940, lui vaut d'être livrée à la Gestapo, avec d'autres prisonniers allemands et autrichiens, à Brest-Litowsk. Margarete sera internée au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück, d'août 1940 jusqu'en avril 1945. C'est dans ce camp qu'elle rencontrera Milena Jesenska, célèbre journaliste tchèque à qui, au début des années vingt, Kafka avait adressé les magnifiques Lettres à Milena. En 1963, Margarete consacrera à son amie un bouleversant témoignage d'amour, Milena, tenant ainsi la promesse qu'elle avait faite à Milena, alors que celle-ci, en mai 1944, agonisait à l'infirmerie du camp. Après la guerre, le témoignage de Margarete BuberNeumann au procès Kravchenko devait faire sensation : C'était la première fois qu'un témoin digne de foi venait attester l'existence des camps de déportés politiques en Sibérie. |
Déportée à Ravensbrück | |
Auteur: | Buber-Neumann, Margarete |
Éditeur: | Seuil |
Pages: | 331 |
Quatrième de couverture: | En 1940, Margarete Buber-Neumann est internée au camp de Ravensbrück où elle survivra jusqu'en avril 1945. C'est dans ce camp qu'elle rencontre Milena Jesenskà, dont elle veillera l'agonie sur une paillasse de l'infirmerie en mai 1944, et à qui elle consacrera une admirable biographie, Milena. A la sortie du camp, épuisée, enfin libre, elle entreprend un extraordinaire périple à travers l'Allemagne exsangue. La précision du témoignage sur Ravensbrück a fait de ce livre un document capital sur la déportation, second volet de son ouvrage Prisonnière de Staline et de Hitler. |
Etre sans destin | |
Auteur: | Kertész, Imre |
Éditeur: | 10/18 |
Pages: | 368 |
Quatrième de couverture: | De son arrestation, à Budapest, à la libération du camp, un adolescent a vécu le cauchemar d'un temps arrêté et répétitif, victime tant de l'horreur concentrationnaire que de l'instinct de survie qui lui fit composer avec l'inacceptable. Parole inaudible avant que ce livre ne vienne la proférer dans toute sa force et ne pose la question de savoir ce qu'il advient de l'humanité de l'homme quand il est privé de tout destin. Cette oeuvre dont l'élaboration a requis un inimaginable travail de distanciation et de mémoire dérangera tout autant ceux qui refusent encore de voir en face le fonctionnement du totalitarisme que ceux qui entretiennent le mythe d'un univers concentrationnaire manichéen. Un livre à placer à côté du Si c'est un homme de Primo Levi. Enfin reconnu, Imre Kertész a reçu le prix Nobel de littérature pour son "oeuvre qui dresse l'expérience fragile de l'individu contre l'arbitraire barbare de l'histoire". |
Exécuteurs, victimes, témoins | |
Auteur: | Hilberg, Raul |
Éditeur: | Gallimard |
Pages: | 363 |
Quatrième de couverture: | Les exécuteurs : officiers, médecins, anthropologues, juristes, fonctionnaires allemands, nouveaux Allemands mais aussi volontaires non allemands, Ukrainiens, Baltes ou autres, enthousiastes à la tâche. Tous participèrent au génocide dans la pleine conscience de la fonction qu'ils exerçaient et en sachant que, pris dans l'engrenage, jamais leur action ne pourrait être annulée, effacée. Les victimes, identifiables et recensables à tout instant, et que la mort collective agrégea en une masse sans forme, inscrite dans la mémoire sous l'évocation froide des millions qu'elles furent. Or, toutes ne vécurent pas semblablement dans le temps ni dans l'espace l'impact du génocide : élites communautaires, hommes, femmes, enfants, couples mixtes, juifs christianisés, célibataires, pauvres et marginaux subirent, selon les stratifications et les inégalités sociales, démographiques, voire politiques et religieuses, la Catastrophe qui finit par les engloutir. Les témoins : les sauveurs, individuels ou collectifs, les Alliés, les puissances neutres, les organisations sionistes, les Eglises, dont nombre se crurent - ou se voulurent - impuissants, si bien qu'ils le devinrent. Les vingt-quatre chapitres de ce livre sont autant de vignettes qui, inscrivant chacun à sa place dans le processus génocidaire, nous donnent non plus l'anatomie de la Catastrophe mais sa physiologie. |
Face à l'extrême | |
Auteur: | Todorov, Tzvetan |
Éditeur: | Seuil |
Pages: | 342 |
Quatrième de couverture: | Le XXème siècle touche à sa fin, et nous sommes tous tentés de nous demander : quelle sera sa place dans l'histoire ? Comment s'en souviendra-t-on un jour ? Pas plus qu'un autre, je ne connais la réponse complète à ces questions ; mais je suis sûr que l'une des inventions du siècle sera durablement attachée à son souvenir : les camps totalitaires. Nous avons fait la découverte du régime politique extrême, le totalitarisme, et de son extrême à lui, les camps. Cette institution macabre se prête à toutes sortes de commentaires, historiques, politiques, psychologiques. Celui que je propose ici, à travers une enquête narrative et personnelle, est différent : il a trait à la morale. Non seulement, contrairement à un préjugé répandu, la vie morale ne n'est pas éteinte aux camps, mais de plus, il se pourrait que nous y trouvions de quoi fonder une morale quotidienne à la mesure de notre temps. |
Fascisme et Communisme | |
Auteur: | Furet, François; Nolte, Ernst |
Éditeur: | Hachette Littérature |
Pages: | 145 |
Quatrième de couverture: | François Furet et Ernst Nolte ont tous deux souligné les similitudes entre fascisme et nazisme d'une part, communisme de l'autre, qui font de ces régimes des variantes du totalitarisme moderne, dont le XXe siècle porte si profondément la marque. Mais leur correspondance, en 1996, permet de mieux cerner ce qui distingue la thèse de Nolte, celle de la guerre civile européenne qui traverse le siècle, de celle de Furet : pour ce dernier, des différences irréductibles demeurent entre l'un et l'autre, en particulier l'antisémitisme nazi. Sur l'émergence des idéologies au XXe siècle, les origines et la nature du fascisme et du communisme, le sens du génocide, cet échange de lettres propose une confrontation où la courtoisie n'exclut pas la rigueur de l'argumentation. Une synthèse majeure de deux des principales interprétations du fascisme et du communisme. |
Fascisme français ? La controverse | |
Auteur: | Berstein, Serge; Winock, Michel |
Éditeur: | CNRS |
Pages: | 253 |
Quatrième de couverture: | La France a-t-elle été le laboratoire du fascisme avant d'en être la plus pure réalisation avec le régime de Vichy ? C'est la thèse défendue de livre en livre par l'historien israélien Zeev Sternhell, objet d'une controverse à rebondissements. Au-delà des querelles de personnes, et en se limitant strictement à la discussion intellectuelle, une mise au point dépassionnée s'impose. Serge Berstein et Michel Winock s'y emploient dans ce livre, avec le concours d'historiens français et étrangers. Non, le fascisme ne prit jamais en France l'allure d'un mouvement de masse. Et, s'il y eut bien une "imprégnation fasciste" dans les années 1930, elle fut surtout le fait d'intellectuels dont Zeev Sternhell grossit l'influence. Une analyse salutaire et sans concession qui déconstruit le mythe des "origines françaises du fascisme". |
HHhH | |
Auteur: | Binet, Laurent |
Éditeur: | Grasset |
Pages: | 440 |
Quatrième de couverture: | A Prague, en 1942, deux hommes doivent en tuer un troisième. C'est l'opération "Anthropoïde" : deux parachutistes tchécoslovaques envoyés par Londres sont chargés d'assassiner Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo, chef des services secrets nazis, planificateur de la solution finale, "le bourreau de Prague", "la bête blonde", "l'homme le plus dangereux du IIIe Reich". Heydrich était le chef d'Eichmann et le bras droit d'Himmler, mais chez les SS, on disait : "HHhH". Himmlers Hirn heisst Heydrich - le cerveau d'Himmler s'appelle Heydrich. Tous les personnages de ce livre ont existé ou existent encore. Tous les faits relatés sont authentiques. Mais derrière les préparatifs de l'attentat, une autre guerre se fait jour, celle que livre la fiction romanesque à la vérité historique. L'auteur, emporté par son sujet, doit résister à la tentation de romancer. Il faut bien, pourtant, mener l'histoire à son terme. |
Hammerstein ou l'intransigeance | |
Auteur: | Enzensberger, Hans Magnus |
Éditeur: | Folio |
Pages: | 432 |
Quatrième de couverture: | «La peur n’est pas une vision du monde». C’est par ces mots qu’en 1933, Kurt von Hammerstein, chef d’état-major général de la Reichswehr, résolut de tourner le dos à l’Allemagne nouvelle, et à Hitler devenu chancelier. Issu d’une très ancienne lignée d'aristocrates prussiens, Hammerstein méprisa profondément l’hystérie funeste où s’engageait son pays. On voulut ignorer son avertissement, et c’est en vain que le général, de complots en dissidences, tenta de freiner le désastre. Jusqu’à sa mort en 1943, Hammerstein aura préservé son indépendance, raidi dans une intransigeance devenue héroïque. Ses sept enfants eurent eux aussi des destins singuliers, prenant parti, contre tout réflexe de classe, pour la résistance intérieure. Le livre du grand écrivain allemand Hans Magnus Enzensberger n’est une biographie qu’en apparence. Car il s’agit d’ «une histoire allemande», un récit tissant par mille moyens divers les destins individuels et le devenir collectif. Modeste devant la science historique, Enzensberger a choisi la liberté du narrateur : «même en dérapant à l’écart des faits, on peut tout à fait parvenir à des vues justes». Et lorsqu’il dialogue avec les morts, Enzensberger en véritable sorcier invoque les esprits. À travers la multitude de ces vies qui se croisent, s’éveille le fantôme de la catastrophe allemande, révélant la décomposition de la République de Weimar, le passage de la vieille Prusse à l’ordre nouveau, la sournoise complicité de l’Allemagne avec l’Union soviétique, l’échec de la résistance, la folle association de l’idéologie la plus fanatique et du cynisme le plus froid. C’est parce qu’il a un sens aigu de ce qu’est un destin qu’Enzensberger nous offre ici un grand livre. |
Histoire d'un Allemand : Souvenirs 1914-1933 | |
Auteur: | Haffner, Sebastian |
Éditeur: | Actes Sud |
Pages: | 434 |
Quatrième de couverture: | Dans un texte rédigé en 1939 et publié à titre posthume, le journaliste allemand Sebastian Haffner fait une chronique saisissante de ses expériences personnelles pendant l'époque de l'instauration du nazisme. D'une clarté et d'une autorité exemplaires, son récit rend palpables, donc compréhensibles, les circonstances de l'avènement du régime hitlérien. A cet égard, c'est un ouvrage dont la lecture, en plus de l'intérêt littéraire qui la justifie, est indispensable à la connaissance de notre temps. Jeune magistrat stagiaire à Berlin, Sebastian Haffner (1907-1999) s'est exilé en 1938, tant il jugeait exécrable l'atmosphère politique et culturelle en Allemagne. Etabli en Angleterre, il y vécut dans une précarité accablante. L'éditeur Warburg lui commanda alors le livre qui devait devenir Histoire d'un Allemand. Mais la guerre éclata, et le manuscrit ne fut jamais publié. En 1954, Sebastian Haffner retourna en Allemagne et devint un journaliste et historien de renom. Le récit que voici ne fut publié qu'en 2000, après sa découverte consécutive au décès de l'auteur. |
Hommes et femmes à Auschwitz | |
Auteur: | Langbein, Hermann |
Éditeur: | Texto |
Pages: | 532 |
Quatrième de couverture: | D’origine viennoise, Hermann Langbein, a été interné dans plusieurs camps, dont celui d’Auschwitz, où il a exercé les fonctions de secrétaire du médecin-chef, un poste d’observation incomparable. Après la libération, ses responsabilités successives dans les organisations d’anciens déportés lui ont permis, mieux que personne, de recueillir tous les témoignages possibles, de consulter tous les documents sur Auschwitz. Il a également interrogé des anciens SS. Mais il ne se borne pas ici à relater ses souvenirs ou ceux d’autrui. Il ne se borne pas non plus à retracer l’historique de ce camp de concentration : il dépeint le comportement des hommes, tous les hommes, qu’ils soient déportés ou gardiens, dans les conditions extrêmes où ils se trouvaient placés, à Auschwitz. |
Inconnu à cette adresse | |
Auteur: | Kressmann-Taylor, Kathrine |
Éditeur: | LGF - Livre de Poche |
Pages: | 89 |
Quatrième de couverture: | Martin Schulse, Allemand et Max Eisenstein, juif Américain, sont deux galeristes associés, aux Etats-Unis. Ils sont surtout deux amis fervents, deux frères. Malgré l'installation de Martin à Munich, ils poursuivent leur amitié à travers des lettres chaleureuses, passionnées. En juillet 1933 pourtant, les doutes et le malaise de Martin face aux remous du gouvernement allemand font vite place à un antisémitisme que ne tempère plus la moindre trace d'affection. D'une cruauté imparable, sa décision tombe comme une sentence : "Ici en Allemagne, un de ces hommes d'action énergiques, essentiels, est sorti du rang. Et je me rallie à lui." Max ne peut se résoudre à une telle révolution, sentimentale et politique. Inspirée de quelques lettres réelles, cette courte nouvelle publiée en 1938 par une "mère au foyer" américaine surprend. Par sa forme diabolique superbement maîtrisée d'abord et son aspect visionnaire ensuite : en soixante pages à peine, l'auteur parvient en effet à capter avec justesse l'Histoire en marche et à nous faire saisir, à travers le drame intime des deux personnages, toute la tragédie qui se joue outre-Atlantique. |
Journal | |
Auteur: | Frank, Anne |
Éditeur: | Le Livre de Poche |
Pages: | 320 |
Quatrième de couverture: | Anne Frank est née le 12 juin 1929 à Francfort. Sa famille a émigré aux Pays-Bas en 1933. À Amsterdam, elle connaît une enfance heureuse jusqu'en 1942, malgré la guerre. Le 6 juillet 1942, les Frank s'installent clandestinement dans "l'Annexe" de l'immeuble du 263, Prinsengracht. Le 4 août 1944, ils sont arrêtés sur dénonciation. Déportée à Auschwitz, puis à Bergen-Belsen, Anne meurt du typhus en février ou mars 1945, peu après sa sœur Margot. La jeune fille a tenu son journal du douze juin 1942 au premier août 1944, et son témoignage, connu dans le monde entier, reste l'un des plus émouvants sur la vie quotidienne d'une famille juive sous le joug nazi. |
Jugements derniers : les procès Petain, Nuremberg et Eichmann | |
Auteur: | Kessel, Joseph |
Éditeur: | Tallandier |
Pages: | 237 |
Quatrième de couverture: | Paris, Palais de justice, août 1945. Le maréchal Pétain, ex-chef de l'État français, assiste, muré dans le silence, à son procès. À la barre des témoins défilent des hommes que tout oppose, de Laval à Blum. Nuremberg, novembre 1945. Vingt et un dignitaires du IIIe Reich prennent place sur le banc des accusés. Les " faux dieux " nazis sont mis à nu au cours d'un procès international, le premier du genre. Jérusalem, avril 1961. Adolf Eichmann, seul dans son box de verre, répond devant un tribunal israélien de sa participation à la Solution finale. Joseph Kessel, envoyé spécial de France-Soir, s'est trouvé en ces trois lieux, à ces trois moments. Son talent exceptionnel d'homme de lettres, son expérience personnelle des drames du xxe siècle se mettent ici au service d'un récit dramatique où la justice rencontre l'histoire. |
Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas | |
Auteur: | Kertész, Imre |
Éditeur: | Actes Sud |
Pages: | 144 |
Quatrième de couverture: | C'est pour l'enfant auquel il n'a jamais voulu donner naissance qu'Imre Kertész prononce ici le kaddish, la prière des morts de la religion juive. D'une densité et d'une véhémence peu communes, ce monologue intérieur est le récit d'une existence confisquée par le souvenir de la tragédie concentrationnaire. Proférée du fond de la plus extrême souffrance, la magnifique oraison funèbre affirme l'impossibilité d'assumer le don de la vie dans un monde définitivement traumatisé par l'Holocauste. Ce que pleure le narrateur, ce n'est pas seulement "l'enfant qui ne naîtra pas", c'est l'humanité toute entière. Enfin reconnu, Imre Kertész a reçu le prix Nobel de littérature pour son "oeuvre qui dresse l'expérience fragile de l'individu contre l'arbitraire barbare de l'histoire". |
L'Ecriture ou la vie | |
Auteur: | Semprun, Jorge |
Éditeur: | Gallimard |
Pages: | 395 |
Quatrième de couverture: | Déporté à Buchenwald, Jorge Semprun est libéré par les troupes de Patton, le 11 avril 1945. L'étudiant du lycée Henri lV, le lauréat du concours général de philosophie, le jeune poète qui connaît déjà tous les intellectuels parisiens découvre à Buchenwald ce qui n'est pas donné à ceux qui n'ont pas connu les camps : vivre sa mort. Un temps, il va croire qu'on peu exorciser la mort par l'écriture. Mais écrire renvoie à la mort. Pour s'arracher à ce cercle vicieux, il sera aidé par une femme, bien sûr, et peut-être par un objet très prosaïque : le parapluie de Bakounine, conservé à Locarno. Dans ce tourbillon de la mémoire, mille scènes, mille histoires rendent ce livre sur la mort extrêmement vivant. Semprun aurait pu se contenter d'écrire des souvenirs, ou un document. Mais il a composé une oeuvre d'art, où l'on n'oublie jamais que Weimar, la petite ville de Goethe, n'est qu'à quelques pas de Buchenwald. |
L'Espèce humaine | |
Auteur: | Antelme, Robert |
Éditeur: | Gallimard |
Pages: | 321 |
Quatrième de couverture: | En 1943 un jeune homme choisit de combattre dans la Résistance. Robert Antelme a vingt-six ans. Il sera arrêté par la Gestapo un an plus tard, en juin 1944. La prison de Fresnes, Buchenwald, Gandersheim, le camp de Dachau, ce sont les étapes de sa déportation. Il a échappe par les miracles du destin et de l'amitié à l'épidémie mortelle de la fin des camps. Enfin libre, il entreprend en 1946 le livre qui va être une des oeuvres capitales de l'époque, un des chefs-d'oeuvre de la littérature contemporaine: "L'espèce humaine". Témoignage, hommage, portrait à plusieurs voix, ce recueil est l'oeuvre de l'amitié, de la "reconnaissance infinie". C'est l'accompagnement de la pensée et de la vie de Robert Antelme, la réponse des lecteurs à une des plus hautes paroles de ce temps. |
L'Univers concentrationnaire | |
Auteur: | Rousset, David |
Éditeur: | Hachette Littérature |
Pages: | 190 |
Quatrième de couverture: | Premier regard politique sur les camps. David Rousset décrit les fonctionnements internes, les différentes bureaucraties qui en permettent la bonne marche ainsi que l'idéologie nazie qui les soutient (mythe du surhomme, théories racistes, etc.). Il dénonce la connivence du capitalisme et de l'impérialisme dans la mise au point de tels camps : main d'oeuvre gratuite pour l'industrie, élimination de tous les opposants. Mais la grande leçon de David Rousset reste la mise en avant des «politiques» dans les camps qui réintroduisirent la solidarité, là où régnait l'égoïsme de la survie et où sévissaient en maîtres les «droits communs». |
La Flèche du temps | |
Auteur: | Amis, Martin |
Éditeur: | Christian Bourgois |
Pages: | 192 |
Quatrième de couverture: | Dès ses premières velléités littéraires, Martin Amis a sans doute eu pour ambition de quitter l'ombre de son père, Kingsley Amis, lui-même écrivain de renom. La Flèche du temps démontre avec quel talent il accède au statut d'écrivain à part entière et donne à son oeuvre sa propre direction. Avec ce roman, l'auteur anglais s'illustre tout d'abord par un style violent, poétique, à l'intelligence lumineuse, au service d'une réflexion toujours aboutie. Par des inventions formelles, ensuite, qui font de lui un découvreur de concepts : néologismes, lecture inversée, chronologie chamboulée. Et une imagination, enfin, avec cette histoire déroutante : un être (le narrateur) se réveille dans la peau de Tod Friendly, docteur de son état, alors que celui-ci vient de mourir et prend conscience d'une vérité avérée que notre conscience a du mal à digérer : les hommes commencent par mourir, sont vieux puis rajeunissent peu à peu. Avec brio, sans jamais nous perdre en route, Martin Amis nous propose la mise en scène d'une vie à l'envers. On découvre alors, au rythme de cette "existence à rebours" tous les secrets de Tod et le suspens est entier : pourquoi Tod a si souvent déménagé (New York, Lisbonne, Rome) ? Pourquoi a-t-il changé de nom ? Qu'a-t-il fait de si terrible dans le passé, alors que se profile la Seconde Guerre mondiale et le spectre du nazisme ? Un livre brillant, en miroir, un voyage à reculons dans la mémoire du siècle "des grands abattoirs". |
La France De Vichy | |
Auteur: | Paxton, Robert |
Éditeur: | Seuil |
Pages: | 375 |
Quatrième de couverture: | "Révolutionnaire"... C'est ainsi que fut salué l'ouvrage de Paxton à sa sortie, en 1972. Trente ans plus tard, on comprend encore l'onde de choc soulevée par les thèses novatrices de cet historien américain. Adoptant une démarche dépassionnée sur un sujet qui ne l'était guère, usant de méthodes rigoureuses et d'autant plus percutantes qu'elles étaient fondées sur l'impartialité, Paxton s'en allait tranquillement dire aux Français, preuves à l'appui, que le régime de Vichy avait recherché la collaboration avec l'occupant, entraînant le pays sur la voie d'une déchéance morale, dont les tenants et les aboutissants étaient scrupuleusement analysés. En voulant sauver l'État, Vichy avait failli perdre la nation et l'État. Parce que ses conclusions ont des résonances terriblement actuelles - au point que l'auteur a été appelé à éclairer les jurés lors du procès Papon - La France de Vichy demeure la référence bibliographique incontournable sur cette période troublée. |
La Shoah - Au coeur de l'anéantissement | |
Auteur: | Collectif |
Éditeur: | Tallandier |
Pages: | 304 |
Quatrième de couverture: | L'histoire de la Shoah s'appuie sur des millions de pièces d'archives conservées aux quatre coins du monde. Chacune participe à l'écriture de cette histoire pour les générations actuelles et futures. Pour la première fois, des historiens européens ont choisi près de 300 de ces documents et les décryptent. Photographies, dessins, lettres, rapports, témoignages nous plongent au cœur de l'anéantissement et nous aident à comprendre les mécanismes du génocide et ses conséquences, comme les résistances qui lui furent opposées. Un livre patrimonial, indispensable à la transmission de la mémoire de la Shoah. |
La Shoah, l'impossible oubli | |
Auteur: | Grynberg, Anne |
Éditeur: | Gallimard |
Pages: | 176 |
Quatrième de couverture: | A l'aube de la Seconde Guerre mondiale, les 9 millions de Juifs européens présentent une image diversifiée : tradition et modernité, repli sur soi et acculturation, observance religieuse et laïcité. Pendant la Shoah (la " Catastrophe " en hébreu) plus de 5 millions d'entre eux sont assassinés, au nom de l'idéologie raciste d'Hitler. Marginalisation, exclusion, expulsion, transferts forcés, enfermement dans les ghetos... autant d'étapes avant la "solution finale", la "liquidation de la race juive", mise au point froidement, technologiquement par les nazis. Par convois entiers, hommes, femmes, enfants sont déportés "vers l'Est", dans les camps d'extermination : Auschwitz-Birkenau, Maïdanek, Chelmno, Belzec, Sobibor, Treblinka. En historien, à l'écoute des témoins, Anne Grynberg analyse la Shoah. Afin que nul n'oublie. |
La mort est mon métier | |
Auteur: | Merle, Robert |
Éditeur: | Gallimard |
Pages: | 384 |
Quatrième de couverture: | Le Reichsführer Himmler bougea la tête, et le bas de son visage s'éclaira... - Le Führer, dit-il d'une voix nette, a ordonné la solution définitive du problème juif en Europe. Il fit une pause et ajouta : - Vous avez été choisi pour exécuter cette tâche. Je le regardai. Il dit sèchement : - Vous avez l'air effaré. Pourtant, l'idée d'en finir avec les Juifs n'est pas neuve. - Nein, Herr Reichsführer. Je suis seulement étonné que ce soit moi qu'on ait choisi... |
La nuit | |
Auteur: | Wiesel, Élie |
Éditeur: | Editions de Minuit |
Pages: | 177 |
Quatrième de couverture: | Né en 1928 à Sighet en Transylvanie, Elie Wiesel était adolescent lorsqu'en 1944 il fut déporté avec sa famille à Auschwitz puis à Birkenau. La Nuit est le récit de ses souvenirs : la séparation d'avec sa mère et sa petite sœur qu'il ne reverra plus jamais, le camp où avec son père il partage la faim, le froid, les coups, les tortures... et la honte de perdre sa dignité d'homme quand il ne répondra pas à son père mourant. " La Nuit, écrivait Elie Wiesel en 1983 est un récit, un écrit à part, mais il est la source de tout ce que j'ai écrit par la suite. Le véritable thème de La Nuit est celui du sacrifice d'Isaac, le thème fondateur de l'histoire juive. Abraham veut tuer Isaac, le père veut tuer son fils, et selon une tradition légendaire le père tue en effet son fils. L'expérience de notre génération est, à l'inverse, celle du fils qui tue le père, ou plutôt qui survit au père. La Nuit est l'histoire de cette expérience. " |
La philosophie à l'épreuve d'Auschwitz : Les camps nazis, entre Mémoire et Histoire | |
Auteur: | Bossy, Jean-François |
Éditeur: | Ellipses Marketing |
Pages: | 130 |
Quatrième de couverture: | Cet essai se donne comme fine tentative pour approcher au plus prés l'onde de choc totalitaire enregistrée par les récits et témoignages sur les camps nazis. Il explore les zones de repli ou de recul de la pensée devant l'indicible, les embarras de la posture savante quand elle doit rendre compte de la froide " organisation de la terreur ", la compromission de nos sociétés de la démocratie restaurée avec la catastrophe du siècle qui s'est éteint. Quelques leitmotivs inusables se trouvent ici consignés et soumis à la critique ; le couplage contre-nature entre civilisation et barbarie, la fonction centrale de l'espace-camp sur le territoire de la modernité, les capacités de résistance de l'homme aux situations de l'extrême, la banalité du mal ou l'indifférence des bourreaux, la figure du survivant... |
Le Choix de Sophie | |
Auteur: | Styron, William |
Éditeur: | Folio |
Pages: | 636 |
Quatrième de couverture: | A Brooklyn, en 1947, Stingo, jeune écrivain venu du Sud, rencontre Sophie, jeune catholique polonaise rescapée des camps de la mort. A la relation de la rencontre du jeune homme avec l'amour, se superposent la narration du martyre de Sophie, l'évocation de l'univers concentrationnaire et de l'holocauste nazi. Les deux veines, autobiographique et historique, irriguent en profondeur ce roman et fusionnent en une émouvante parabole sur l'omniprésence du Mal, symbolisé par l'horreur nazie, mais aussi par l'esclavage et le racisme brutal ou larvé de la société américaine, l'intolérance à tous les degrés, la férocité de la lutte de l'homme pour la vie ou la survie la plus élémentaire. |
Le Grand Voyage | |
Auteur: | Semprun, Jorge |
Éditeur: | Folio |
Pages: | 278 |
Quatrième de couverture: | Il y a cet entassement des corps dans le wagon, cette lancinante douleur dans le genou droit. Les jours, les nuits. je fais un effort et j'essaye de compter les jours, de compter les nuits. ça m'aidera peut-être à y voir clair. Quatre jours, cinq nuits. Mais j'ai du mal à compter ou alors il y a des jours qui se sont changés en nuits. J'ai des nuits en trop ; des nuits à revendre. Un matin, c'est sûr, c'est un matin que ce voyage a commencé... |
Le Système périodique | |
Auteur: | Levi, Primo |
Éditeur: | LGF - Livre de Poche |
Pages: | 252 |
Quatrième de couverture: | Réchappé de la barbarie nazie, hanté par l'incommunicabilité de l'expérience des camps, Primo Levi a marqué la littérature d'une empreinte très particulière. Si c'est un homme, paru en 1947, puis La Trêve en 1963, qui comptent parmi ses oeuvres majeures, témoignent avec une effrayante sobriété de cette indicible épreuve. Le Système périodique se détache du reste de son oeuvre. Il s'agit à première vue de l'autobiographie d'un chimiste. Chaque chapitre est placé sous le signe d'un élément - azote, carbone, plomb, nickel... -, comme autant de rencontres avec la matière, mère ou ennemie. Mais ces brèves histoires d'un métier, qui fut celui de Primo Levi, et "qui n'est somme toute qu'un cas particulier du métier de vivre", sont aussi les souvenirs d'une génération et les étapes d'une jeunesse : les années d'études turinoises, la guerre, la résistance au fascisme, la déportation, le difficile retour à la vie. |
Le dernier des justes | |
Auteur: | Schwarz-Bart, André |
Éditeur: | Editions Du Seuil |
Pages: | 424 |
Quatrième de couverture: | En 1943, Ernie Lévy est au seuil du camp de concentration de Drancy. Il est le dernier maillon d'une très longue lignée de Justes, commencée au XIIe siècle. Et si, finalement, la mort ne pouvait rien contre celui qui parvint toujours à transmettre l'étincelle de vie? Le Dernier des Justes est un roman d'une rare intensité sur l'histoire et le destin du peuple juif. Né en 1928, André Schwarz-Bart entre en Résistance en 1943. Il obtient le prix Goncourt en 1959 pour son premier roman, Le Dernier des Justes. |
Le jardin à la dérive | |
Auteur: | Fink, Ida |
Éditeur: | Maren Sell |
Pages: | 155 |
Quatrième de couverture: | Le Jardin à la dérive raconte la vie en Pologne à l’époque de l’Holocauste. Sous la forme de nouvelles, Ida Fink, elle-même rescapée, trace le portrait de gens ordinaires confrontés à l’inimaginable : un couple devant le choix de garder ou d’abandonner leur fille de cinq ans à l’arrivée de la Gestapo ; une femme qui doit accepter l’adultère de son mari pour sauver sa vie ; une fille qui doit sacrifier sa vertu pour obtenir une carte d’identité aryenne. Ida Fink s'est évadée du ghetto de Varsovie en 1942. Elle n'a pas besoin d'imaginer : l'inimaginable lui suffit et elle l’écrit, terriblement… Avec une grande force d’évocation et une retenue admirable, l’auteur évoque la blessure profonde d’un monde brisé. Un langage presque murmuré, une compassion infinie où se mêlent l’angoisse à la beauté, l’amour à l’horreur, la poésie à la mort. |
Le monde de pierre | |
Auteur: | Borowski, Tadeusz |
Éditeur: | Christian Bourgois |
Pages: | 390 |
Quatrième de couverture: | « Entre deux corners, dans mon dos, on avait gazé trois mille personnes. » Avec une lucidité terrible, Tadeusz Borowski (interné à Auschwitz puis détenu, à la fin de la guerre, dans les camps de personnes déplacées) décrit dans "Le monde de pierre" les horreurs des usines de la mort et du désespoir comme une banalité de la vie quotidienne de notre siècle. L'écriture est magistrale, sans complaisance face à la responsabilité partagée de ceux qui survécurent. "Le monde de pierre" est, aux côtés de celle de Primo Levi, une des plus grandes oeuvres jamais écrites sur le monde concentrationnaire, reconnue comme telle dans le monde entier. |
Le passé d'une illusion | |
Auteur: | Furet, François |
Éditeur: | LGF - Livre de Poche |
Pages: | 824 |
Quatrième de couverture: | Cet ouvrage cherche à comprendre l'emprise qu'a eue sur les esprits l'idée du communisme, malgré les expériences tragiques qu'elle couvrait de son drapeau, en URSS d'abord, puis dans les autres pays d'Europe ou ailleurs. C'est le contraste entre le cours de la révolution bolchévique dans ses différentes époques et les illusions dont il a été entouré qui compose la matière de ce long récit en forme d'analyse. Pour faire l'histoire de cette relation imaginaire, l'auteur est conduit à traverser le XXe siècle, depuis la Révolution d'Octobre 1917 jusqu'à la dissolution de l'Union soviétique en 1991. La Première Guerre mondiale donne au bolchevisme le rayonnement d'une revanche de la volonté sur la fatalité ; elle fait revivre en Octobre 17 la tradition révolutionnaire de l'Europe, drapée dans la promesse d'une paix universelle. Le mythe soviétique ne cessera dès lors d'enrichir sa magie des circonstances du siècle. Il capitalise les injustices du traité de Versailles. Il s'étoffe du contraste avec la Grande Dépression. Il prospère avec l'antifascisme et culmine avec la victoire de Staline sur Hitler. Même la déstalinisation élargit son influence au moment où elle en marque pourtant le déclin. Le communisme disparaîtra comme régime avant d'avoir épuisé les espérances de ses partisans. |
Le zéro et l'infini | |
Auteur: | Koestler, Arthur |
Éditeur: | Calmann-Lévy |
Pages: | 248 |
Quatrième de couverture: | Moscou, 1937. Dans un régime communiste, l'individu est zéro, et le Parti, c'est l'infini. Roubachov le sait : apparatchik lui-même, il a épuré sans états d'âme. Le voilà happé à son tour par la machine à broyer, soumis à des interrogatoires et sommé de se prêter à la mise en scène macabre qui le fera avouer qu'il est un traître, un ennemi de la classe ouvrière. Va-t-il se renier quand il s'agit de son propre sort ? Va-t-il sacrifier sa dignité, son amour-propre, en plus de sa vie (dont il sait qu'elle se termine), pour la " plus grande gloire du Parti " ? Mais pourquoi ce parti, qu'il a tant aimé, qui a porté tant d'espoirs, a-t-il besoin de dévorer ainsi ses enfants ? La question taraude Roubachov, mais un peu tard... Dans ce roman majeur du XXe siècle, publié en 1940, Koestler illustre la logique issue de la révolution russe : l'individu est une notion bourgeoise qui doit être subordonnée, et au besoin sacrifiée, à la communauté. Il dépeint une société totalitaire totalement fermée sur elle-même, paranoïaque et ivre de sacrifices rituels qui, au lieu d'avancer vers " l'avenir radieux ", régresse vers des temps d'avant la civilisation. |
Les Beaux Jours de ma jeunesse | |
Auteur: | Novac, Ana |
Éditeur: | Gallimard |
Pages: | 323 |
Quatrième de couverture: | Surnommée la "Anne Frank roumaine" Anna Novac est née dans la Transylvanie roumaine en 1929. C'est une écrivain, survivante de la shoah. A 11 ans, elle se retrouva "citoyenne" hongroise quand les nazis attribuèrent la Transylvanie à leur allié hongrois. A 14 ans, elle fut déportée à Auschwitz. Elle parvint à écrire un journal dans le camp avec des morceaux de papiers trouvés. Elle y décrit les conditions de voyages de la Transylvanie à Auschwitz, puis à Plaszow, son quotidien de déportée. Ce journal, "Les beaux jours de ma jeunesse", a été édité en France en 1968. Il est beaucoup moins connu que celui d'Anne Frank, alors que les deux jeunes filles avaient le même âge au moment où elles écrivaient. Le message des Beaux jours de ma jeunesse est plus violent, et parfois même insoutenable. L'auteur y décrit le côtoiement continuel de la mort. Elle fait preuve d'une remarquable lucidité sur les misères de l’homme, sur l’absurdité de la guerre, sur l’intangibilité de la frontière entre bourreaux et victimes. |
Les Naufragés et les Rescapés | |
Auteur: | Levi, Primo |
Éditeur: | Gallimard |
Pages: | 200 |
Quatrième de couverture: | "C'est arrivé et tout cela peut arriver de nouveau : c'est le noyau de ce que nous avons à dire." Primo Levi (1919-1987) n'examine pas son expérience des camps nazis comme un accident de l'histoire, mais comme un événement exemplaire qui permet de comprendre jusqu'où peut aller l'homme dans le rôle du bourreau ou dans celui de la victime. Quelles sont les structures d'un système autoritaire et quelles sont les techniques pour anéantir la personnalité d'un individu ? Quel rapport sera créé entre les oppresseurs et les opprimés ? Comment se crée et se construit un monstre ? Est-il possible de comprendre de l'intérieur la logique de la machine de l'extermination ? Est-il possible de se révolter contre elle ? Primo Levi ne se borne pas à décrire les aspects des camps qui restaient obscurs jusqu'aujourd'hui, mais dresse un bilan pour lutter contre l'accoutumance à la dégradation de l'humain. |
Les Origines du totalitarisme, suivi de Eichmann à Jérusalem | |
Auteur: | Arendt, Hannah |
Éditeur: | Gallimard |
Pages: | 1615 |
Quatrième de couverture: | Les Origines du totalitarisme, qui se compose de trois parties : L'Antisémitisme, L'Impérialisme et Le Totalitarisme, à l'origine en un seul volume, a fait l'objet en France d'une publication en trois volumes séparés, chez trois éditeurs différents, avec intervention de cinq traducteurs différents. Une révision générale s'imposait donc, afin de rétablir la cohérence de l'œuvre. Elle a été effectuée à partir de la dernière édition en langue anglaise revue et corrigée par Hannah Arendt. Ce volume rassemble Les Origines du totalitarisme et Eichmann à Jérusalem. Chaque œuvre est suivie et complétée par un dossier (textes complémentaires, correspondance, dossier critique). Les notes et la bibliographie ont également été entièrement revues et mises à jour. L'ouvrage est complété en particulier par un "Vie et oeuvre" très illustré et un index des noms propres. A noter : la parution, chez Gallimard également, de Lettres de 1925 à 1975, la correspondance entre Hannah Arendt et Martin Heidegger. |
Les bienveillantes | |
Auteur: | Littell, Jonathan |
Éditeur: | Gallimard |
Pages: | 903 |
Quatrième de couverture: | Vers 1980, un paisible Franco-Allemand termine sa carrière comme directeur d'une usine de dentelle du Nord de la France. Pourtant, dans une autre vie, quarante ans plus tôt, le même homme était un rigoureux fonctionnaire SS, chargé de surveiller le bon déroulement des opérations d'élimination programmées sur le front de l'Est. C'est au cours d'une sorte d'enquête autobiographique que le notable d'aujourd'hui se lance sur les traces de l'homme qu'il fut, revivant les atrocités auxquelles il a participé. Ce n'est qu'à la toute fin de ce roman où se mêlent grande fresque historique et récit intime, que le lecteur saura enfin ce qui poursuit cet homme depuis si longtemps. Jonathan Littell, fils de l'écrivain américain Robert Littell, spécialiste du roman d'espionnage, écrit directement en français. |
Les exécuteurs: Des hommes normaux aux meurtriers de masse | |
Auteur: | Welzer, Harald |
Éditeur: | Gallimard |
Pages: | 368 |
Quatrième de couverture: | «Je ne suis pas le monstre qu'on fait de moi. Je suis victime d'une erreur de raisonnement», déclare Adolf Eichmann à l'issue de son procès. Comme après lui tous les exécuteurs allemands, rwandais, serbes et croates, dont les cas sont étudiés dans ce livre, il récuse résolument l'idée qu'il aurait agi monstrueusement et en dehors des catégories morales de la communauté des hommes. Pourtant tous ont tué systématiquement ceux qu'eux et leurs semblables avaient exclus de l'humanité par définition. Qu'on puisse les qualifier de meurtriers est une idée restée jusqu'à ce jour étrangère aux exécuteurs dans leur immense majorité, car leur projet anti-humain avait bâti un système de responsabilité morale dans lequel le meurtre de masse était une évidence. Dans un dispositif social, montre Hararld Welzer, il suffit qu'une seule coordonnée - l'appartenance sociale ou ethnique - se décale pour que tout l'ensemble change et que s'établisse une réalité autre que l'antérieure. Ce décalage, observable dans le national-socialisme, où il est fondé scientifiquement sur une théorie des races, et dans l'ex-Yougoslavie et au Rwanda, où il est fondé ethniquement, consiste en une redéfinition radicale de qui fait partie ou non de l'univers d'obligation générale. La distinction inéluctable est absolue entre appartenants et non-appartenants est commune à ces sociétés meurtrières, par ailleurs extrêmement différentes. Une fois lancée, la pratique d'exclusion conduit à la spoliation, et la déportation et la violence dont elle est assortie transforment, avec une régularité terrifiante, le déplacement en «nettoyage», en extermination pure et simple des non-appartenants. |
Les origines de la solution finale | |
Auteur: | Browning, Christopher |
Éditeur: | Points - Histoire |
Pages: | 1023 |
Quatrième de couverture: | En 1939, l'Allemagne nazie, qui projette une recomposition démographique de l'Europe centrale et orientale, entreprend d'expulser les populations juives qui y habitent. A l'automne 1941 est décidée la destruction totale des Juifs. Il s'agit ici de l'étude la plus complète de cette période où la politique raciale nazie a "bifurqué" de la persécution et du "nettoyage ethnique" vers la Solution finale et le génocide juif. La Pologne a servi de laboratoire à la politique raciale du IIIe Reich et, par la suite, l'offensive contre l'Union soviétique a joué un rôle déterminant dans la radicalisation qui a conduit à la Solution finale. De cette évolution, Adolf Hitler est le chef d'orchestre sinistre. Au débat entre fonctionnalistes et intentionnalistes, ce livre apporte de nouveaux arguments et met en lumière les liens inextricables noués entre les hommes, leurs idéologies et les circonstances. |
Les refusants : Comment refuse-t-on d'être un exécuteur ? | |
Auteur: | Breton, Philippe |
Éditeur: | La Découverte |
Pages: | 250 |
Quatrième de couverture: | Au terme d'un siècle marqué par plusieurs génocides et d'innombrables autres actes de violence contre des civils, une question reste en suspens : pourquoi certains hommes acceptent-ils d'être des "exécuteurs" de ces crimes, alors que d'autres le refusent ? Après que de nombreux travaux ont été consacrés aux victimes, aux bourreaux et aux résistants, Philippe Breton identifie, dans ce livre, une nouvelle catégorie d'acteurs : les "refusants". En dépit de leur quasi-invisibilité - ils commentent rarement leur acte -, on trouve des refusants aussi bien parmi les SS durant la Seconde Guerre mondiale, parmi les génocidaires au Rwanda, dans les guerres du Viêt-nam ou d'Algérie, que parmi les kamikazes islamistes. N'évoquant aucune idéologie politique, religieuse ou même humaniste, ces personnes ne sont pas des résistants. Alors que les tueurs en appellent à la vengeance - bien plus qu'à la haine raciste ou à la nécessité d'obéir aux ordres - pour que s'exerce une "légitime justice", les refusants se révèlent imperméables à cet argument. Dès lors, une nouvelle question se pose : pourquoi, dans des contextes de crise extrême, certains sont-ils accessibles à la problématique de la vengeance et d'autres non ? Grâce à une longue enquête, Philippe Breton apporte une contribution inédite aux débats sur les mécanismes de la violence, insistant sur l'importance que revêt encore aujourd'hui le principe de vengeance dans l'éducation et la culture de la plupart des sociétés humaines. |
Maus : un survivant raconte | |
Auteur: | Spiegelman, Art |
Éditeur: | Flammarion |
Pages: | 296 |
Quatrième de couverture: | Art Spiegelman, auteur underground américain projette de réaliser une bande dessinée sur le parcours de son père, juif d’origine polonaise, pendant la seconde guerre mondiale. Pour ce faire, le dessinateur se rend chez lui et écoute le récit que lui fait ce dernier de son expérience des ghettos, des camps de la mort. Maus est donc la retranscription de ce témoignage poignant et sans fard au cœur de la barbarie nazie. Mais c’est aussi l’histoire de la relation d’un père et d’un fils que cette entreprise commune amènent à se revoir après des années de séparation et d’incompréhension. Des portes d'Auschwitz aux trottoirs de New York se déroule en deux temps (les années 30 et les années 70) le récit d'une double survie : celle du père, mais aussi celle du fils, qui se débat pour survivre au survivant. Ici, les Nazis sont des chats et les Juifs des souris. |
Milena | |
Auteur: | Buber-Neumann, Margarete |
Éditeur: | Seuil |
Pages: | 279 |
Quatrième de couverture: | Réfugiée d'Allemagne nazie à Moscou, en 1937, Magarete Buber-Neumann est déportée en Sibérie lors des grandes purges, avant d'être livrée, trois ans plus tard, en vertu du pacte germano-soviétique, aux bourreaux qu'elle fuyait. Après le goulag, Ravensbruck, camp d'extermination industriel. Elle y rencontre Milena Jesenka, grande bourgeoise qui a rompu avec son milieu, journaliste pugnace, communiste, muse, lectrice et inspiratrice de Kafka. Milena agonise, elle meurt victime de la folie des hommes, mais le fruit de cette rencontre demeure, et demeurera ce livre hors du commun, roman non-fictionnel d'un siècle assassin, mais surtout radiographie méticuleuse de deux expériences concentrationnaires, chacune en surimpression avec son effroyable singularité. |
Mémoire du mal, tentation du bien : Enquête sur le siècle | |
Auteur: | Todorov, Tzvetan |
Éditeur: | Robert Laffont |
Pages: | 356 |
Quatrième de couverture: | Que retiendrons-nous du XXe siècle ? Loin de vouloir dresser un bilan en historien, Tzvetan Todorov façonne une image de ce siècle qui traduit surtout une réflexion et une éthique. Deux moments sont mis en avant : les horreurs, aujourd'hui bien connues, des systèmes totalitaires et, depuis la victoire de 1945, l'utilisation des valeurs démocratiques comme principes universels justifiant l'usage de la force contre certaines nations (Japon, colonies, Irak, Serbie). Deux faces du siècle, deux erreurs historiques qui se sont conjuguées un matin d'août 1945 : Hiroshima, dernier acte de la Seconde Guerre mondiale, fut également la première "bombe humanitaire". La victoire des Alliés sur la barbarie fut celle du saint Georges ailé terrassant le dragon. La confrontation des deux blocs a tempéré un temps cette bonne conscience que les pays occidentaux affichent avec arrogance depuis l'effondrement de l'empire soviétique. La victoire sur le mal totalitaire portait en germe de nouveaux maux : ceux que les vainqueurs sont toujours tentés d'administrer au nom du bon droit qu'ils croient incarner. Guerres propres, droit d'ingérence : le bien n'a jamais été autre chose que l'antichambre du pire. Éclairante analyse d'une époque bien sombre, quelques lueurs d'espoir illuminent pourtant Mémoire du mal, tentation du bien grâce à l'esquisse biographique de figures discrètes : Vassili Grossman, Margarete Buber-Neumann, Primo Levi, David Rousset, Romain Gary, Germaine Tillion qui témoignent dans le drame de leur vie que la lucidité est toujours possible même quand soufflent les illusions les plus meurtrières. Grâce à elles, le regard sur le passé réconcilie avec l'avenir. Le message du siècle finissant pourrait être le leur : que l'on peut "résister au mal sans succomber à la tentation du bien". Un équilibre difficile qui définira peut-être l'humanisme du siècle qui s'annonce. |
Oubliez Adam Weinberger | |
Auteur: | Engel, Vincent |
Éditeur: | LGF - Livre de Poche |
Pages: | 316 |
Quatrième de couverture: | Ce roman se divise en deux parties :« Avant » et « Après »... Avant : le récit est à la première personne. Adam, petit garçon, raconte avec humour sa vie dans sa famille juive en Pologne. Il nous parle de ses frères, dont l'un se destine à devenir rabbin et l'autre s'est engagé dans le mouvement sioniste, de sa soeur Rachel, qui a dû se résigner à épouser un homme qu'elle n'aimait pas, de ses parents, cette mère soumise et silencieuse qu'il aime passionnément, ce père qui se raccroche à la tradition... Il nous parle de son oncle, rejeté par la communauté depuis son engagement dans le communisme qui sera à l'origine de sa vocation de médecin et lui communiquera sa passion des bateaux en bouteille. Adam est passionnément amoureux de sa cousine Esther, de quelques années son aînée. Et puis « Après » : après les camps de concentration où toute la famille d'Adam a péri... Ce n'est plus Adam qui raconte, ce sont les autres : un médecin avec qui Adam a travaillé, sa femme... Adam a décidé de se taire. Il refuse de parler de sa douleur, de ce qu'il a vu, vécu, perdu... car à quoi bon ? Un roman fort et bouleversant sur la vie après les camps et sur l'impossibilité de raconter. |
Par-delà le crime et le châtiment : Essai pour surmonter l'insurmontable | |
Auteur: | Améry, Jean |
Éditeur: | Actes Sud |
Pages: | 209 |
Quatrième de couverture: | Comment "penser" Auschwitz quand on en réchappa ? Que faire du ressentiment ? L'esprit peut-il sortir indemne de la confrontation avec l'univers concentrationnaire ? La foi est-elle indispensable à l'âme révoltée ? En 1943, Jean Améry fut torturé par la Gestapo pour son activité dans la Résistance belge, puis déporté à Auschwitz parce que juif. Au long des pages de cet Essai pour surmonter l'insurmontable, l'écrivain autrichien explore avec lucidité ce que l'univers concentrationnaire lui a enseigné sur la condition de tout homme meurtri par une réalité monstrueuse. Ce livre "sur les frontières de l'esprit" est la manifestation éclatante d'un esprit sans frontières, d'un humaniste rayonnant. |
Primo Levi ou la Tragédie d'un optimiste | |
Auteur: | Anissimov, Myriam |
Éditeur: | LGF - Livre de Poche |
Pages: | 828 |
Quatrième de couverture: | "Le besoin de manger et celui de raconter se situaient sur le même plan de primordiale nécessité. J'ai porté à l'intérieur de moi cette impulsion violente, et j'ai écrit tout de suite, dès mon retour. Tout ce que j'avais vu et entendu. Il me fallait m'en libérer. De plus, sur le plan moral, civil et politique, raconter, témoigner était un devoir." Primo Levi définissait ainsi sa mission de survivant. Cette première biographie, nourrie de rencontres et d'entretiens avec ses principaux amis et proches, de textes, d'archives et de correspondances inédites, rend justice à l'homme et à l'oeuvre. A vingt-quatre ans, en 1943. Primo Levi est arrêté par la milice fasciste, interné dans un camp de transit, puis déporté à Auschwitz : sa formation de chimiste - il est issu d'une famille de juifs piémontais cultivés - le fait affecter à l'usine I.G. Farben à Monowitz-Auschwitz III. En janvier 1945, il est libéré par les Soviétiques puis ramené vers l'arrière par l'armée Rouge : il ne retrouvera sa terre natale qu'au terme d'un périple de neuf mois. Il écrit Si c'est un homme dès son retour à Turin. Après une diffusion quasi confidentielle. Il devra attendre onze ans pour qu'une grande maison d'édition italienne le publie, et davantage avant d'être reconnu par le monde entier comme l'un des grands écrivains de notre temps. L'oeuvre de Primo Levi est marquée par une double exigence : celle du témoin qui a vu l'humiliation absolue de l'homme avant même son élimination physique : celle du scientifique qui ne désespère pas d'exprimer un jour l'indicible. Comment survivre au mal radical ? Comment concilier le pari de l'optimisme et la tragédie de l'Histoire ? Comment témoigner afin que justice soit faite ? En 1987, malade et dépressif. Primo Levi se donne la mort, mais ses interrogations résonnent aujourd'hui avec la même intensité. Son oeuvre est-elle le pont entre deux mondes : l'avant et l'après Auschwitz ? |
Ravensbrück | |
Auteur: | Tillion, Germaine |
Éditeur: | Seuil |
Pages: | 517 |
Quatrième de couverture: | Il y a cinquante ans maintenant que commencèrent à paraître les témoignages sur la déportation. Les plus fidèles étaient nécessairement imprécis et remplis de lacunes, et comment aurait-il pu en être autrement ? Comme témoin, mais aussi comme ethnologue de profession, Germaine Tillion a tenté dans ce livre une mise au point à la fois personnelle et scientifique. Cette édition est augmentée d'importantes enquêtes sur les exterminations par gaz, menées par Anise Postel-Vinay pour Ravensbrück, et par Pierre Choumoff, pour Harteim, Gusen et Mathausen. |
Récits de Kolyma - La nuit | |
Auteur: | Chalamov, Varlam |
Éditeur: | LGF - Livre de Poche |
Pages: | 443 |
Quatrième de couverture: | Dans les Récits de la Kolyma, au contraire des autres oeuvres littéraires, le lecteur ne s'identifie pas à l'auteur, à l'écrivain (qui "sait tout" et entraine le lecteur à sa suite), mais au détenu. A un homme enfermé dans les conditions du récit. On n'a pas le choix. Lisez donc ces courts récits les uns à la suite des autres... C'est une épreuve d'endurance, une vérification de la bonne qualité humaine (celle du lecteur incluse). On peut interrompre sa lecture et revenir à la vie. Car enfin, le lecteur n'est pas un détenu ! Oui, mais comment vivre alors, sans avoir lu jusqu'au bout ? Comme un traître ? Comme un lâche qui n'a pas le courage de regarder la vérité en face ? Comme un futur bourreau ou une victime future des situations qu'on y décrit ? Dans les Recits de la Kolyma, Chalamov est aux antipodes de toute la littérature qui existe sur les camps. Il écrit comme s'il était mort. |
S'il est minuit dans le siècle | |
Auteur: | Serge, Victor |
Éditeur: | Grasset |
Pages: | 261 |
Quatrième de couverture: | Avant Koestler et Soljenitsyne, Victor Serge décrit, avec S'il est minuit dans le siècle, la Russie de Staline comme une machine à broyer les hommes, corps et âme. Les opposants au régime meurent dans l'anonymat. Serge, qui fut l'un d'eux, leur a redonné un visage et des noms. Son livre, dès 1940, était un avertissement. |
Seul dans Berlin | |
Auteur: | Fallada, Hans |
Éditeur: | Gallimard |
Pages: | 560 |
Quatrième de couverture: | Mai 1940, on fête à Berlin la campagne de France. La ferveur nazie est au plus haut. Derrière la façade triomphale du Reich se cache un monde de misère et de terreur. Seul dans Berlin raconte le quotidien d'un immeuble modeste de la rue Jablonski, à Berlin persécuteurs et persécutés y cohabitent. C'est Mme Rosenthal, juive, dénoncée et pillée par ses voisins. C'est Baldur Persicke, jeune recrue des SS qui terrorise sa famille. Ce sont les Quangel, désespérés d'avoir perdu leur fils au front, qui inondent la ville de tracts contre Hitler et déjouent la Gestapo avant de connaître une terrifiante descente aux enfers. De Seul dans Berlin, Primo Levi disait, dans Conversations avec Ferdinando Camon, qu'il était " l'un des plus beaux livres sur la résistance allemande antinazie ". Aucun roman n'a jamais décrit d'aussi près les conditions réelles de survie des citoyens allemands, juifs ou non, sous le IIIe Reich, avec un tel réalisme et une telle sincérité |
Shoah | |
Auteur: | Lanzmann, Claude |
Éditeur: | Le Livre de Poche |
Pages: | 256 |
Quatrième de couverture: | Il n'est pas facile de parler de Shoah. Il y a de la magie dans ce film, et la magie ne peut pas s'expliquer. Nous avons lu, après la guerre, des quantités de témoignages sur les ghettos, sur les camps d'extermination ; nous étions bouleversés. Mais, en voyant aujourd'hui l'extraordinaire film de Claude Lanzmann, nous nous apercevons que nous n'avons rien su. Malgré toutes nos connaissances, l'affreuse expérience restait à distance de nous. Pour la première fois, nous la vivons dans notre tête, dans notre cœur, notre chair. Elle devient la nôtre. Ni fiction ni documentaire, Shoah réussit cette re-création du passé avec une étonnante économie de moyens : des lieux, des voix, des visages. Le grand art de Claude Lanzmann est de faire parler les lieux, de les ressusciter à travers les voix, et, par-delà les mots, d'exprimer l'indicible par des visages. Claude Lanzmann présente dans ce livre le texte intégral, paroles et sous-titres, de son film Shoah. |
Si c'est un homme | |
Auteur: | Levi, Primo |
Éditeur: | |
Pages: | 213 |
Quatrième de couverture: | On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant. Et, convenons-en avec une sincérité égale au sentiment de la honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce. C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur. Peu l'ont prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité. |
Soldats: Combattre, tuer, mourir : Procès-verbaux de récits de soldats allemands | |
Auteur: | Welzer, Harald; Neitzel, Sönke |
Éditeur: | Gallimard |
Pages: | 640 |
Quatrième de couverture: | Pendant toute la guerre, les Britanniques ont procédé à des écoutes systématiques de milliers de prisonniers allemands et ont transcrit les passages de ces conversations qui leur paraissaient présenter un intérêt spécifique (stratégie, organisation de la chaîne de commandement, moral des troupes évoluant au fil de la guerre selon que les soldats étaient sous-mariniers ou marins, dans l'armée de l'air ou l'armée de terre, etc.). Ces procès-verbaux reposaient dans les archives sans que quiconque en saisisse l'importance décisive. Dans un premier temps, leur lecteur a l'impression d'entendre parler les soldats, avec la rude franchise de la camaraderie lorsque ceux-ci racontent leurs combats, la mort donnée et la mort reçue. Très vite, cependant, il comprend la nature inédite de cet ouvrage : jusque-là, les historiens, pour étayer leurs recherches sur la perception de la violence et la propension à tuer, utilisaient des sources très problématiques (dossiers d'enquête, descriptions dans les lettres de la poste aux armées, récits de témoins oculaires, Mémoires), car rédigées en toute conscience pour un destinataire - un procureur, une épouse restée au domicile, voire un public auquel on communiquait une vision propre des choses. Mais lorsque les soldats internés dans les baraquements britanniques parlent entre eux de la guerre en temps réel, c'est sans intention particulière, ils disent ce qu'ils pensent et ce qui les meut (course aux décorations, massacres des populations civiles et viols des femmes, mépris pour les soldats italiens et peur panique des représailles de l'Armée rouge, sentiment de l'inéluctable défaite et culte du Führer, etc.). Cette source brute, sans apprêt, conduit à porter un regard tout à fait neuf sur la mentalité de la Wehrmacht, fruit d'une éducation étrangère à l'humanisme libéral et porteuse de valeurs cimentées par l'appartenance de l'individu à un collectif, qui en tout lui sera supérieur. La nazification est alors une ultime couche idéologique, ce complément qui fit notamment basculer les soldats des crimes de guerre dans ceux contre l'humanité. |
Vichy 1940-1944 | |
Auteur: | Azéma, Jean-Pierre; Wieviorka, Olivier |
Éditeur: | Librairie Académique Perrin |
Pages: | 374 |
Quatrième de couverture: | Ouvertes avec la brèche de 1940, les blessures et les cicatrices de la France de Vichy semblent encore à vif. D'abord, en raison du poids des souvenirs, des témoignages, des révélations tardives - vraies ou fausses - et de l'intensité des controverses qui en découlent. Ensuite, parce que l'histoire de Vichy et des Français recèle de multiples pièges souvent ignorés par de bons auteurs. Enfin, parce qu'il s'agit de rendre compte du destin d'une nation que chacun reconnaissait comme une grande puissance en 1939, à qui l'on prêtait la meilleure armée du monde, et qui se retrouve coupée en deux, écrasée, occupée, réduite au rôle de puissance plus que moyenne. Pour étudier l'histoire de ces années noires, il fallait que l'exploration du spécialiste se porte des sommets de l'Etat aux réalités quotidiennes, des trajectoires individuelles aux particularités régionales. Aussi ce livre combine-t-il, sur une nécessaire trame chronologique, les approches thématiques, l'analyse d'événements clés, l'explication de phénomènes se prolongeant sur plusieurs années, l'importance des enjeux locaux ou régionaux. |
Vie et destin | |
Auteur: | Grossman, Vasilii |
Éditeur: | L'Age D'Homme |
Pages: | 818 |
Quatrième de couverture: | Dans ce roman-fresque, composé dans les années 1950, à la façon de Guerre et paix, Vassili Grossman (1905-1964) fait revivre l'URSS en guerre à travers le destin d'une famille, dont les membres nous amènent tour à tour dans Stalingrad assiégée, dans les laboratoires de recherche scientifique, dans la vie ordinaire du peuple russe, et jusqu'à Treblinka sur les pas de l'Armée rouge. Au-delà de ces destins souvent tragiques, il s'interroge sur la terrifiante convergence des systèmes nazi et communiste alors même qu'ils s'affrontent sans merci. Radicalement iconoclaste en son temps - le manuscrit fut confisqué par le KGB, tandis qu'une copie parvenait clandestinement en Occident -, ce livre pose sur l'histoire du XXe siècle une question que philosophes et historiens n'ont cessé d'explorer depuis lors. Il le fait sous la forme d'une grande œuvre littéraire, imprégnée de vie et d'humanité, qui transcende le documentaire et la polémique pour atteindre à une vision puissante, métaphysique, de la lutte éternelle du bien contre le mal. |
«Grand-Père n'était pas un nazi»: National-socialisme et Shoah dans la mémoire familiale | |
Auteur: | Welzer, Harald; Moller, Sabine; Tschuggnall, Karoline |
Éditeur: | Gallimard |
Pages: | 368 |
Quatrième de couverture: | Qu'on ne s'y trompe pas : cet ouvrage va bien au-delà de son sujet immédiat - la manière dont on parlait de l'époque nazie et de la Shoah, dans les années 2000, au sein des familles allemandes. Il concerne, par ses méthodes, son cadre d'analyse, voire ses conclusions, tous ceux qui, en France ou ailleurs, ont à réfléchir aux mécanismes de la transmission de la conscience historique d'une période d'exception, soit à la confrontation de la mémoire sociale et de la mémoire familiale. Au fil de quarante-huit entretiens familiaux et de cent quarante-deux interviews individuels sur les histoires vécues du passé national-socialiste et transmises entre les générations, il apparaît, en effet, qu'à «la mémoire culturelle» (celle qu'une société institue à une époque donnée sur un certain passé à travers célébrations, discours officiels et enseignement) s'oppose «la mémoire communicative», non plus cognitive mais émotionnelle, ciment de l'entente des membres d'un groupe (parents et proches) sur ce qui fut leur passé vrai, et qui est constamment réactivée dans le présent d'une loyauté et d'une identité collectives. Ainsi se transmettent dans les familles d'autres images du passé national-socialiste que celles diffusées à l'école : romantiques et enjolivées par l'intégration de scènes cinématographiques, par exemple, elles sont avant tout relatives à la souffrance des proches, causée par le mouchardage, la terreur, la guerre, les bombes et la captivité. Paradoxalement, il semble que ce soit justement la réussite de l'information et de l'éducation sur les crimes du passé qui inspire aux enfants et petits-enfants le besoin de donner à leurs parents et leurs grands-parents, au sein de l'univers horrifique du national-socialisme, une place telle qu'aucun éclat de cette atrocité ne rejaillisse sur eux. Transmis sous forme non pas de savoir mais de certitude, ces récits, pour finir, convainquent chacun qu'il n'a pas de «nazi» dans sa propre famille : «Grand-Père n'était pas un nazi.» |